Dans la sociabilité quotidienne, la question des jeunes et de la politique revient souvent comme un leitmotiv. Un phénomène est souvent mis en exergue : celui d’un désamour croissant des jeunes pour la politique. Mais est-ce vraiment le cas ? Si oui, à quoi est-il dû ? Quels sont les éléments qui peuvent permettre de comprendre cette situation ? C’est à ces interrogations que nous essayerons de répondre à travers cet article.
L’implication des jeunes dans la vie politique n’a cessé de marquer la France et l’ensemble des pays occidentaux ces dernières années. Dans cette première partie, nous allons essayer de comprendre les contours de cette situation.
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En France, les statistiques indiquent un niveau de participation des jeunes à la politique de plus en plus faible. En effet, aux élections présidentielles de 2017, on estime que près de 35% des jeunes entre 18 et 24 ans ne se sont pas déplacés pour aller voter. Ce taux a augmenté de près de 10 points en l’espace de 10 ans.
Parallèlement à ce constat, on observe un désintérêt grandissant pour les activités politiques. Les jeunes ne se contentent pas de s’abstenir lors des élections, ils se détachent également de la démocratie participative. Les associations politiques, syndicats et autres organisations de jeunesse constatent une chute constante du nombre de leurs membres depuis une vingtaine d’années.
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Comprendre les raisons de ce désamour croissant nécessite de s’intéresser aux attentes et perceptions des jeunes concernant la politique. Dans cette seconde partie, nous allons tenter de déchiffrer certains de ces éléments.
Il ressort des différentes enquêtes menées auprès des jeunes que leur désintérêt pour la politique est principalement lié à une déception face à l’échec des politiques à résoudre les problèmes quotidiens. Le travail, le logement, l’éducation, l’environnement sont autant de thèmes sur lesquels les jeunes estiment que les politiques n’ont pas su apporter de réponses satisfaisantes.
De plus, nombreux sont les jeunes qui expriment une certaine incompréhension face à l’univers politique. Ils déplorent un manque de clarté dans les discours politiques, une certaine distance avec les réalités du terrain, et une tendance à la défiance et à l’opposition systématique entre les partis.
Si le désamour des jeunes pour la politique traditionnelle est une réalité, il serait réducteur de considérer que les jeunes sont dépolitisés. En effet, leur engagement prend d’autres formes, comme nous allons le voir dans cette troisième partie.
La jeunesse d’aujourd’hui reste fortement engagée, mais son engagement se déplace vers d’autres sphères de la vie sociale. L’action associative, les mouvements de protestation, les pratiques culturelles et artistiques, les initiatives de solidarité sont autant d’espaces dans lesquels les jeunes s’investissent pleinement.
De plus, l’engagement des jeunes se fait de plus en plus au niveau local. Ils s’impliquent dans la vie de leur quartier, de leur ville, de leur région, en cherchant à agir concrètement et de manière participative sur des problèmes concrets.
Enfin, pour comprendre le rapport des jeunes à la politique, il est nécessaire de prendre en compte l’effet de génération. Comme nous allons le voir, chaque génération développe un rapport particulier à la politique.
Les jeunes d’aujourd’hui, nés dans les années 2000, ont grandi dans un contexte marqué par une crise économique persistante, une montée des inégalités, un sentiment d’urgence écologique. Ces éléments ont façonné leur regard sur la politique et leur manière de s’engager.
De plus, l’arrivée des nouvelles technologies et des réseaux sociaux a profondément modifié le rapport des jeunes à l’information et à la politique. Ces outils leur permettent de s’informer, d’échanger et de s’engager de manière plus directe et plus autonome.
Ainsi, si le désamour des jeunes pour la politique traditionnelle est une réalité, il ne signifie pas pour autant un désengagement. Il s’agit plutôt d’un déplacement de l’engagement vers d’autres formes d’action et de participation. C’est ce que les acteurs politiques et les adultes en général doivent comprendre et prendre en compte, afin de renouer le dialogue avec la jeunesse et de redonner du sens à la politique.
Le constat du désamour des jeunes pour la politique ne laisse pas indifférents les acteurs institutionnels. Ils sont conscients de l’importance de la participation des jeunes à la vie politique, et mettent en place différentes initiatives pour y remédier. Penchons-nous sur ces tentatives de "rapprochement" entre les jeunes et la politique.
Au niveau européen et national, on note une prise de conscience des enjeux socio-démographiques et de l’importance d’une participation électorale active des jeunes générations. Des plans d’action sont déployés pour sensibiliser les jeunes à l’importance de leur vote et à leur rôle dans la démocratie représentative.
Cependant, ces efforts semblent se heurter à un mur d’incompréhension et de défiance. Les jeunes n’adhèrent pas à ces initiatives, les percevant souvent comme déconnectées de leurs préoccupations et de leur réalité quotidienne. La crise économique, la difficulté à se loger, le niveau de vie précaire et l’instabilité du marché du travail, voilà autant de préoccupations auxquelles les politiques institutionnelles peinent à répondre de manière convaincante.
De plus, les jeunes estiment que leur voix n’est pas suffisamment prise en compte dans l’élaboration et l’évaluation des politiques. Ils déplorent une société française où le dialogue semble rompu entre eux et les institutions.
En dépit de ce désamour apparent, les jeunes ne sont pas complètement déconnectés du monde politique. L’émergence des réseaux sociaux et des technologies de l’information et de la communication a ouvert de nouvelles voies d’engagement et de participation politique. Voyons comment ces outils numériques sont utilisés pour ‘repolitiser’ la jeunesse.
Les réseaux sociaux ont créé un nouvel espace public où les jeunes peuvent discuter, débattre et s’engager politiquement. Ils offrent une plateforme pour partager des opinions, échanger des informations et se mobiliser autour de causes communes. Les jeunes utilisent ces outils pour faire entendre leur voix et influencer l’agenda politique.
Cependant, cet engagement politique en ligne présente aussi des défis. La désinformation, les discours de haine et la polarisation sont autant de problèmes auxquels les jeunes sont confrontés sur les réseaux sociaux. Malgré tout, ces outils numériques offrent une occasion unique pour les jeunes de s’engager politiquement d’une manière qui leur est propre.
Au final, le désamour des jeunes pour la politique n’est pas synonyme d’un désintérêt pour les questions publiques. Au contraire, les jeunes sont fortement concernés par les défis sociaux, économiques et environnementaux auxquels nos sociétés sont confrontées.
Cependant, les formes traditionnelles de participation politique ne semblent plus correspondre à leurs attentes. Ils sont en quête d’une politique plus proche de leur réalité, plus transparente et plus à l’écoute de leurs préoccupations. Ils veulent un dialogue authentique et des actions concrètes qui améliorent leur quotidien et leur avenir.
Les institutions et les acteurs politiques doivent comprendre cette évolution pour renouveler leur approche et repenser leur façon de faire de la politique. Un défi de taille, mais nécessaire pour réconcilier les jeunes avec la politique et pour assurer l’avenir de notre démocratie.